Jean tardieu
« Je ne suis rien qu'une parcelle du temps, laissez-moi seul. » Ces mots de Jean Tardieu, dits par plusieurs de ses personnages, traduisent l'univers de l'absurde, et la profondeur, de cet auteur.
Dans ses pièces, textes et poèmes, les personnages ne sont que des miettes de l'éternité, s'animant tour à tour, afin de prouver la réalité de leur existence et de combler un immanquable vide temporel, une immanquable futilité de l'être.
L'univers de Jean Tardieu est chaotique, son œuvre est hétéroclite. L'amour des mots en est la constante.
Ils se remplacent les uns les autres dans sa pièce la plus populaire « Un mot pour un autre ». Ce n'est qu'une base de vaudeville mais dans laquelle le français devient une langue étrange, et pourtant compréhensible, une langue qui emploie systématiquement un mot pour un autre. Et de cette scène classique du théâtre de boulevard, où les trois protagonistes habituels de l'adultère se rencontrent, nait un décalage total créé par l'auteur, du au renforcement de la situation burlesque initiale par un assemblage cocasse et déraisonnable des mots. Et nous voilà entrainé sur la ligne de partage entre l'usage et le dérèglement,
Les phrases refusent les points, pour rester en suspens, accrochées au fil du temps (« Finissez vos phrases »). Où deux êtres ne savent comment se dire leur amour.
C'est un univers de l'absurde, avec une logique implacable, où l'imagination prend le dessus afin de rompre la monotonie de sa réalité. Les cadres perdent leur toile et les moulins à café s'accrochent aux murs !
Derrière la simplicité des mots se cache un travail d'horloger quant au rythme, au mélange des sons et du sens,
Démence des hommes et démence du monde sont traduites par l'absurde et le dérisoire du quotidien partiellement décalé. Juste ce qu'il faut pour glisser puis basculer dans un autre monde, celui de Jean