Jeanne lazarus
ARTICLE : Les pauvres et la consommation
Résumé :
L’histoire des pauvres dans la société de consommation depuis la seconde guerre mondiale fut d’abord celle de l’enrichissement et de l’accès au confort des classes populaires pendant les Trente Glorieuses. La misère qui subsistait dans les bidonvilles intéressait peu les chantres du progrès, qui qualifiaient d’inadaptés ceux qui restaient à l’écart. D’autant que les organisations ouvrières comme les sciences sociales s’intéressaient peu à la très grande pauvreté, occupées qu’elles étaient à souligner les particularités de la consommation des ouvriers, pour prouver la persistance des classes sociales dans la société de consommation et lutter contre ceux qui annonçaient leur dilution. Cependant, la crise économique depuis la fin des années 1970 a créé une « classe moyenne paupérisée » pratiquant peu l’autoconsommation et aspirant à un mode de vie similaire à celui du groupe majoritaire. Les pauvres sont devenus un segment de consommateurs caractérisé par un faible pouvoir d’achat parfois associé à des compétences sociales et culturelles fragiles qui les condamnent souvent à payer plus cher leur accès au marché. Celui-ci semble désormais être le passage obligé d’une participation, même minimale, à la vie sociale.
Mots clés pauvres, consommation, intégration, classes sociales, pouvoir d’achat
Plan de l'article
Les Trente Glorieuses S’intégrer par la consommation ? Pauvres ou membres des classes populaires ? La société de consommation mise à l’épreuve La consommation ou le fil des « désaffiliés » ? Consommation et désaffiliation Les pauvres sont-ils un segment ? Commercer avec les pauvres ?
Jeanne Lazarus
(page. 137) Quels rapports les pauvres entretiennent-ils avec la consommation ? La réponse, durant les Trente Glorieuses, relevait de l’évidence : appartenant au vaste ensemble des classes populaires, les plus démunis, grâce à l’élévation