ieJugement et critique
Peut-on juger objectivement les pratiques culturelles?

Transition
Peut-on néanmoins concevoir une possibilité de jugement de valeur concernant les produits de la culture ? Les civilisations se caractérisent par des formes d’art, des pratiques et des traditions religieuses, soumises à une évolution plus ou moins lente déterminée soit par les innovations techniques, pour ce qui est des arts, ou par les bouleversements de mœurs et les renversements idéologiques, pour les formes religieuse. On observe que les religions servent souvent de socle d’identité culturelle, mais que dans les sociétés marquées par l’essor des sciences physicomathématiques et de la technologie qui l’accompagne, l’autorité religieuse décline et fait l’objet de débats, de contestations, comme en témoigne par exemple la montée du scepticisme en Europe au 18e siècle, ou bien d’indifférence. On s’interrogera alors sur les conditions, le sens et la portée du jugement critique, dont la religion fait l’objet. Peut-on, dans une visée de progrès et sans déstabiliser les fondements culturels et éthiques d’une société, critiquer la religion sur laquelle elle s’est enracinée et longtemps appuyée ? Ne serait-ce alors que par goût, par respect des traditions que les religions perdureraient dans des époques marquées par les techno sciences, par la logique de l’explication scientifique.
Si le jugement des formes religieuses pose le problème de la stabilité politique et morale des sociétés, il n’en va pas de même avec le jugement porté sur les formes d’art. Juger les artifices que produit une culture n’est pas à priori problématique puisqu’on peut évaluer objectivement l’utilité et les performances d’un artifice technique. Un tel jugement n’est donc pas culturel, mais technique. En revanche, ce sont les œuvres d’art qui étant soumises à l’appréciation révèlent la difficulté du jugement culturel, car a priori, les œuvres d’art n’ont pas d’autre destination que de procurer un plaisir