Julie ou la nouvelle héloïse
Julie ou La Nouvelle Héloïse est un roman épistolaire, en six parties et cent soixante trois lettres, qui connut un très grand succès aux XVIII° et XIX° siècles. Reprenant la situation d'Héloïse et Abélard, Rousseau y crée des personnages qui sont les reflets de ses idéaux : il dira dans Les Rêveries du Promeneur Solitaire avoir donné vie à des êtres selon [s]on cœur. Cependant n'y voir qu'une grande et belle histoire d'amour serait passer à côté de toute la richesse du livre qui influencera son siècle et même le suivant, en effet par le biais de ses personnages, Rousseau expose déjà les idées, concepts et théories qu'il développera dans ses œuvres futures.
I) Le couple Julie - Saint Preux : Passion et Vertu
Le lien entre Julie et Saint Preux est présenté dès le sous-titre de ce roman : Lettres de deux amans habitans d'une petite Ville au pied des Alpes. Cependant, nous nous apercevons au fil du texte qu'ils semblent instaurer dans leur relation un lien indissoluble entre la Passion et la Vertu. Rousseau exalte la passion et en montre le caractère irrésistible chez ces deux personnages : L'amour véritable est un feu dévorant qui porte son ardeur dans les autres sentiments… C'est pour cela qu'on a dit que l'amour faisait des héros. Il peint leurs transports, leurs peines cruelles, leurs joies et leurs faiblesses d'une manière remarquable, à tel point qu'on a pu qualifier cette œuvre de véritable " hymne à l'amour ". Nous pouvons également noter la place primordiale occupée par la Vertu dans leur relation. Ainsi au XVIIIe siècle, une réprobation morale implacable pèse sur la passion. Or, cet amour interdit - à cause de la chimère des conditions - loin d'abaisser les cœurs des deux protagonistes, les élèvera à un niveau supérieur, quasi-mystique grâce à la vertu, un amour inébranlable mais sans désir charnel : Pour nous aimer toujours, il faut renoncer l'un à l'autre ; oublions tout le reste et soyez l'amant