Julie
1. En 1945 et au début des années 1970, il n'y a pas de mémoire de Vichy, puisque pendant cette période domine le mythe « résistancialiste » : tous les Français ont résisté à l'occupation allemande. L'école contribue à véhiculer le mythe, ce dont témoigne l'extrait du manuel d'histoire (document 1) destiné au cours élémentaire et datant de 1959. Les cérémonies officielles comme le transfert au Panthéon des cendres de Jean Moulin, héros et unificateur de la Résistance intérieure, contribuent au même mythe « résistancialiste » et à l'occultation de Vichy. Il faut attendre le début des années 1970 et le film de Marcel Ophüls, Le Chagrin et la Pitié, pour que la mémoire de Vichy sorte de l'oubli. Le travail de sape du mythe résistancialiste commencé par Marcel Ophüls est parachevé par la recherche engagée par un historien américain, Robert Paxton. Ce dernier publie, en 1973, La France de Vichy, qui met au jour la politique de collaboration du régime de Vichy. En 1995, le président de la République Jacques Chirac rompt officiellement avec le mythe « résistancialiste » et reconnaît la responsabilité de la France dans la déportation des Juifs.
2. L'extrait du manuel datant de 1959 (document 1) met l'accent sur le fait que tous les Français auraient été des résistants. À lire ce manuel, on a affaire à une résistance de masse, fondement du mythe « résistancialiste ». Vichy est absent. Tout est mis sur le dos de l'occupant : « il emprisonna et tortura des milliers de patriotes français ». Rien sur le rôle joué par les forces de police françaises et la Milice dans la traque et l'arrestation des Juifs et des résistants. Rien sur le fait que si des « milliers de jeunes se réfugièrent dans le maquis », c'est que Vichy avait accepté de mettre en place, en 1943, le STO, le Service du travail obligatoire, pour la machine de guerre allemande.
3. En 1964, les cendres de Jean Moulin sont transférées au Panthéon, où depuis la Révolution française sont conservées