Justevaleur
Crise financière : le principe de Fair Value, (1) vrai ou faux coupable ? par Nicolas VÉRON Économiste, BRUEGEL
Olivier POUPART-LAFARGE
Les normes comptables, applicables par toutes les entreprises cotées européennes depuis 2005, ont fait l’objet de nombreux débats et controverses avant d’être validées et ont ensuite été soupçonnées d’être à l’origine de la crise financière actuelle. Le principe de la juste valeur est en effet contesté dans certaines de ses applications, en particulier quand il mène à valoriser un stock d’actions au cours de Bourse de la veille. D’aucuns regrettent également que les banques et les assurances y soient assujetties en dépit de leur spécificité. Cependant, après avoir exploré les tenants et aboutissants de cette normalisation à vocation mondiale, il semble bien qu’elle ait momentanément servi de bouc émissaire pour expliquer une crise sans doute révélatrice d’autres dysfonctionnements bien plus préoccupants du système financier global. C’est en tout cas la thèse de Nicolas Véron, qui est ici débattue.
Ancien directeur général délégué de Bouygues Membre des collèges de l’Autorité des marchés financiers et de l’Autorité des normes comptables
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Gilbert GÉLARD Membre du Board de l’International Accounting Standards Board (IASB)
EXPOSÉ DE NICOLAS VÉRON (2)
Avant d’aborder la question spécifique de la fair value, ou “juste valeur” en français, commençons par quelques considérations générales. La comptabilité et ses normes servent à créer et façonner une information qui va permettre de prendre des décisions, notamment économiques. Or, dans le débat comptable, les décideurs ont des intérêts et des points de vue différents, parfois antagonistes, selon qu’ils sont investisseurs, conseillers, membres d’entreprises, auditeurs, régulateurs, etc.
Les investisseurs et les analystes
Les investisseurs eux-mêmes sont des acteurs dont les motivations ne sont pas toutes identiques. Par exemple, tel hedge fund
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