La justice est aujourd’hui comme hier l’objet de débats : où trouver le critère du juste ? Dès l’aube de la philosophie, les sophistes ont tenté de répondre à cette question : la justice, disent-ils, résulte d’une convention, c’est-à-dire d’un accord passé entre les hommes et qui règle leurs rapports selon la loi. Pourtant, cette réduction de la justice à la loi ouvre toute une série de questions. La première est celle du rapport de la justice et de la force. La loi, en effet, protège de l’injustice parce qu’elle est accompagnée du pouvoir de sanctionner. La justice sans la force est impuissante. Dès lors, le risque existe de confondre force et justice. La loi ne serait que la loi du plus fort. La seconde question est celle du rapport entre la justice et l’égalité. La loi est la même pour tous et la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 affirme solennellement que tous les hommes sont "égaux en droits". Mais cette égalité des droits est-elle suffisante, dès lors que les conditions de vie économique et sociale des plus démunis entravent l’exercice de ces droits ? A quelles conditions une organisation sociale peut-elle être juste? Autour de cette question s’est instauré un débat dans la pensée contemporaine. Que la justice soit ainsi en discussion signifie qu’il ne peut exister de justice décidée et décrétée une fois pour toutes : les inégalités ne peuvent reculer et la justice progresser que s’il existe une démocratie ouverte aux questionnements et aux remises en cause, c’est-à-dire une démocratie vivante.