kammerer
Elsa KAMMERER
halshs-00666111, version 1 - 27 Feb 2012
Université Charles de Gaulle — Lille 3
Dans le cadre de la concurrence européenne que se livrent les ateliers d’imprimeurs de Lyon,
Strasbourg et Francfort, le genre des Figures de la Bible (ou « petites Bibles »), conçues à l’origine pour rentabiliser le coût des bois ou des cuivres réalisés pour de grandes bibles illustrées, connaît un premier apogée en France avec les gravures de Bernard Salomon éditées chez Jean de Tournes à Lyon (1553-1564).
Les Neue künstliche Figuren de Tobias Stimmer (1576), louées par Rubens, marquent un deuxième apogée du genre, avant qu’il continue de se développer, notamment en pays flamand où, aux XVIIe et
XVIIIe siècles, les recueils illustrés de Tempesta connaissent un grand succès auprès des collectionneurs et des artistes1. La tripartition de chaque page des Figures (référence biblique, gravure, quatrain ou sixain) reprend celle du système emblématique (motto, gravure, épigramme) : la disposition matérielle de ces petits recueils pose d’emblée la question de leurs rapports avec les recueils d’emblèmes qui, à partir des éditions d’Alciat dans les années 1530, connaissent eux aussi un succès continu pendant près de deux siècles.
L’ambiguïté de leur public __ un public de dévots qui y trouvent un abrégé de l’histoire biblique, et un public d’artistes qui viennent y puiser des modèles iconographiques __ pose en même temps la question de leur utilisation : elles offrent une somme commode de l’histoire sainte pour la recréation de l’âme et proposent dans le même temps des gravures d’une très grande qualité esthétique pour la récréation des yeux. De fait, l’épanouissement du genre repose sur une tension, non résolue, entre deux fonctions et deux publics différents. La première fonction, traditionnelle, est pédagogique et didactique, « spirituelle », si l’on veut : le