Kant qu'est ce que les lumiére
“L’homme est né libre et partout il est dans les fers”. Par cette phrase célèbre, Rousseau (Contrat Social, I), contemporain et inspirateur de Kant, entendait mettre l’accent sur la contradiction manifeste entre le principe et le fait: d’un côté, à en croire les philosophes et les hommes eux-mêmes, l’homme est, en droit, par principe, un être fait pour la liberté (c’est en elle qu’il doit placer son souci et sa dignité); tel est, en tout cas, son voeu le plus cher; de l’autre côté, parmi les peuples de la terre, on ne rencontre guère d’hommes et des femmes libres, mais plus souvent des esclaves, des serfs, des sujets, bref des êtres soumis à des pouvoirs en place (politique, religieux, social...). Comment rendre compte de cette contradiction insupportable ?
On pourrait penser à deux causes possibles pour expliquer cette absence visible de liberté:
- ou bien parce que tous les hommes ne sont pas également doués du pouvoir de penser; par exemple, que certains seraient plus “doués” pour les travaux manuels, d’autres pour faire de la musique, d’autres pour les activités intellectuelles, etc... Bref, c’est le vieil adage selon lequel “ à chacun sa place, à chacun son métier”... La pensée serait alors l’affaire des intellectuels (savants, philosophes, médecins, prêtres, hommes politiques....), c’est-à-dire l’affaire de tous ceux dont savoir et penser est le métier;
- ou bien parce que la liberté de penser est bâillonnée de l’extérieur, par un pouvoir en place (d’ordre politique, social ou religieux...); elle opère alors un tel contrôle des citoyens, au moyen de la propagande, de la police, de la censure, de l’intimidation, etc.. -les méthodes sont connues- qu’elle interdit toute liberté d’expression et, partant, de penser.
Ce qui revient à dire que si les hommes et les femmes ne pensent pas davantage par eux-mêmes, c’est soit par insuffisance voire absence de potentialités, soit par insuffisance voire absence de formation,