Kant
« Tout homme a une conscience et se trouve observé, menacé, de manière générale tenu en respect (respect lié à la crainte) par un juge intérieur et cette puissance qui veille en lui sur les lois n’est pas quelque chose de forgé (arbitrairement) par lui-même, mais elle est inhérente à son être. Elle le suit comme son ombre quand il pense lui échapper. Il peut sans doute par des plaisirs ou de distractions s’étourdir ou s’endormir, mais il ne saurait parfois éviter de revenir à soi ou de se réveiller, dès lors qu’il en perçoit la voix terrible. Il est bien possible à l’homme de tomber dans la plus extrême abjection1 où il ne se soucie plus de cette voix, mais il ne peut jamais éviter de l’entendre. » (E. KANT)
1.Abjection : bassesse morale
- Questions -
1. Dégagez l’idée principale du texte et les étapes de son argumentation.
2. Expliquez :
a.« cette puissance qui veille en lui sur les lois n’est pas quelque chose de forgé (arbitrairement) par lui-même » ;
b.« Il peut sans doute par des plaisirs ou des distractions s’étourdir ou s’endormir, mais il ne saurait éviter parfois de revenir à soi ou de se réveiller ».
3. Discussion – Est-il possible de s’affranchir de toute conscience morale ?
Question 1
Kant nous parle ici de la dimension morale de l’homme (thème du texte). Sa thèse, qui apparaît dans la première phrase du texte, est la suivante : un caractère essentiel de l’homme est d’être conscient ; et ce fait implique nécessairement qu’il a une dimension morale, c’est-à-dire la capacité de juger en termes de bien et de mal chacun de ses actes comme ceux d’autrui. Et Kant de rajouter, cœur de son propos, que l’homme ne peut pas échapper à cette dimension morale : il ne peut pas ne pas se juger et juger les autres en termes de bien et de mal – c’est d’ailleurs cette réalité que l’on désigne au moyen de l’expression « conscience morale ». On peut donc dire que Kant soutient l’idée que l’homme ne peut pas s’affranchir de sa