Keynes plan de relance
Denis Clerc
Article Web - 19 décembre 2008
Soudain Keynes semble ressuscité, sans que ceux qui avaient proclamé sa mort n'éprouvent le moindre besoin de s'excuser. Dernier exemple en date : Nicolas Baverez, qui nous explique aujourd'hui qu'il y a un « bon » et un « mauvais » keynésianisme.
Par Denis Clerc, fondateur d'Alternatives Economiques et conseiller de la rédaction
Avez-vous remarqué ? Le qualificatif « keynésien » redevient portable. Et même très tendance. Jusqu'à l'an dernier, il était considéré comme ringard, archaïque, obsolète et out of date. Dans l'analyse économique, la date de péremption du keynésianisme était quasi unanimement considérée comme dépassée, et Robert Lucas, en 1980, pouvait publier « The Death of Keynesian Economics : Issues and Ideas », un article dans lequel on pouvait lire ces gentillesses : « Les gens se sentaient offensés quand ils étaient qualifiés de keynésiens. Dans les séminaires de recherche, la théorisation keynésienne n'était plus prise au sérieux, l'assistance se mettait à bavarder et à rire. » Robert Lucas, sans doute parce que, lui au moins, ne perdait pas son temps à de telles fadaises, décrocha en 1995 le prix de la Banque de Suède en mémoire d'Alfred Nobel.
Et soudain, plus personne n'a honte de parler de relance par le déficit, de politique budgétaire, alors que, il y a encore peu, ces modes d'action publique vous classaient soit dans la catégorie des attardés mentaux, soit dans celle des étatistes qui cherchent à tout prix à creuser les déficits que les générations à venir auront à rembourser - alors que c'est du côté de l'offre, uniquement du côté de l'offre, que gisent les problèmes. Or, soixante-deux ans après sa mort, Keynes retrouve une actualité brûlante, parce que, à l'évidence, les problèmes proviennent désormais de l'enchaînement négatif des marchés : l'explosion des bulles financières et immobilières comprimant le crédit et la demande, ce qui engendre une