Khair eddin
« Écrivain de l’exil, exilé de l’écriture. Mohamed Khaïr-Eddine a longtemps cultivé cette particularité qui a façonné son mythe et singularisé son style. L’adepte de la “Guerilla linguistique” s’est lancé très tôt dans la quête de nouvelles formes d’expressions qui révolutionnèrent, en son temps, les principes fondamentaux de l’écriture maghrébine de langue française. » (par Mahjoub Haguig, Maroc-Hebdo, juin 2002)
Le poète et romancier marocain francophone Mohammed Khaïr-Eddine est mort, samedi 18 novembre 1995, à Rabat au Maroc, des suites d’un cancer. Il était âgé de cinquante-quatre ans. Il était retourné définitivement au Maroc en 1993, lorsqu’il avait appris la gravité de sa maladie.
Petit, trapu, la poignée de main aussi ferme que la parole, il avait en permanence une manière de défi dans le regard lorsqu’il toisait un interlocuteur, mais il savait aussi, une cigarette dans une main, un verre de vin dans l’autre, se montrer chaleureux. Il était né en 1941, à Trafraout, dans le Sud marocain. Après des études secondaires à Casablanca, il travailla un temps dans la fonction publique, mais très vite il fut comme rongé par le démon de l’écriture, et c’est en amant impitoyable qu’il servit la langue française. Il n’avait, d’ailleurs, jamais de mots assez durs pour fustiger le laisser-aller stylistique et la pauvreté du langage de certains écrivains.
Il est vrai que « le Khaïr », comme l’appelaient ses amis, disposait, lui, d’une richesse de