Kheira
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Forsan et haec olim meminisse iuuabit. Recherches sur les formes et aspects de la mémoire dans l'Enéide de Virgile"
Mise à jour : 21 septembre 2011
Thèse en Lettres et civilisaitons antiques soutenue le 16 septembre 2011
Ce travail s’inscrit dans le sillage des études récentes sur la mémoire culturelle et démontre comment la notion de mémoire joue un rôle clef dans le déroulement de l’Énéide. L’épopée virgilienne attire fréquemment l’attention du lecteur sur la fabrique poétique d’une atmosphère mémorielle identifiable à travers les lieux de mémoire, des objets signifiants (monimenta) et certains personnages divins et humains. Parmi ces personnages, Anchise représente la mémoire du passé et Ascagne-Iule symbolise le futur en tant qu’ancêtre de la gens Iulia, tandis qu’Énée s’affirme comme le parangon de la memoria romana. Ses choix, ses errances, son séjour carthaginois, sa catabase, sa visite de Pallantée et même le meurtre de Turnus sont imprégnés de la dialectique de la mémoire et de l’oubli. Ces observations permettent de poser un nouveau regard sur le sens général du poème et d’interroger la réception de l’Énéide comme racontant l’accomplissement des fata de Jupiter. Le poème épique renvoie aussi à la narrativisation de la conquête progressive de la mémoire par Énée, qui offre d’intéressants échos aux préoccupations augustéennes sur l’alternative embarrassante entre la vengeance (ultio) et la clémence (clementia).
Le poète suscite ainsi une réflexion sur la mémoire comme un puissant moteur de l’action épique, également présentée comme un lien entre les hommes et les époques grâce à la construction d’une mémoire culturelle romaine, héritière des identités culturelles troyenne et latine. Virgile n’utilise pas seulement la mémoire comme la pierre de touche de son poème mais témoigne souvent d’une forme de « mémoire rétroverse », un