Konan
La nouvelle est tombée le 20 décembre dans l'après-midi : le président Léopold Sédar Senghor est mort à Versons, en France, où il s'était retiré depuis son départ volontaire du pouvoir, le 31 décembre 1980. Le président Abdoulaye Wade l'a apprise par son chef du protocole, Bruno Diatta, venu la lui souffler à l'oreille alors qu'il était encore à table avec ses pairs présents à Dakar pour le Sommet de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao).
Il lui fallut l'annoncer à ses hôtes. Trouver les mots. En faire un événement, sans trop laisser paraître d'émotion. Le choc est brutal, même si l'on s'attendait à sa fin prochaine. Une semaine auparavant, il avait été hospitalisé dans un état" très critique" à l'hôpital de Caen. Son retour à la maison pour " convalescence" n'atténuait en rien l'inquiétude de sa famille et des proches. Il s'est éteint à 95 ans, loin de son village natal de Joal, sur la Petite Côte à quelque 120 km de Dakar, où il devait être enterré, selon son souhait, et après des obsèques nationales, dans le caveau familial qu'il a lui-même fait aménager. Comme les lamantins des mythologies africaines retournent toujours boire à la source.
La supériorité du poète sur l'homme, c'est que l'un meurt et l'autre pas. « La poésie vient de perdre un maître, le Sénégal un homme d'État, l'Afrique un visionnaire et la France un ami », a déclaré Jacques Chirac. Tandis qu'Abdou Diouf devait dire son " immense douleur" devant la perte d'« un géant politique et littéraire ». Les autres hommages sont de la même encre. Parce que comme le murmure avec tristesse mais non sans une pointe de fierté sa petite-nièce Valérie Senghor : « Il est toujours présent, car notre nom de famille