LA COLONIE, COMMENTAIRE COMMENTAIRE
COMÉDIE en un acte, en prose.
MARIVAUX
1750
Publié par Gwénola, Ernest et Paul Fièvre, Avril 2015
- 1 -- 2 -LA COLONIE
COMÉDIE en un acte, en prose.
[MARIVAUX]
Publié dans le Mercure de France en décembre 1750.
M. DCC. L.
Représentée pour la première fois en société en 1750.
- 3 -ACTEURS
ARTHÉNICE, femme noble.
Madame SORBIN, femme d'artisan.
Monsieur SORBIN, mari de Madame Sorbin.
TIMAGÈNE, homme noble.
LINA, fille de Madame Sorbin.
PERSINET, jeune homme du peuple, …afficher plus de contenu…
Oui, afin qu'ils soupirent plus que jamais à nos genoux, et qu'ils meurent de douleur de se voir rebutés ; voilà ce qu'on appelle une indignation de bon sens, et vous êtes dans le faux, Madame Sorbin, tout à fait dans le faux.
MADAME SORBIN.
Ta, ta, ta, ta, je t'en réponds, embellissons-nous pour retomber ; de vingt galants qui se meurent à nos genoux, il n'y en a quelquefois pas un qu'on ne réchappe, d'ordinaire on les sauve tous ; ces mourants-là nous gagnent trop, je connais bien notre humeur, et notre ordonnance tiendra ; on se rendra laide ; au surplus ce ne sera pas si grand dommage, Mesdames, et vous n'y perdrez pas plus que moi.
- 26 -UNE FEMME.
Oh ! Doucement, cela vous plaît à dire, vous ne jouez pas gros jeu, vous ; votre affaire est bien …afficher plus de contenu…
MADAME SORBIN.
Oui-da, j'entends tout ce qui vous ressemble, Monsieur
Sorbin.
MONSIEUR SORBIN.
Comment dites-vous cela, Madame la cornette ?
MADAME SORBIN.
Comme je le pense et comme cela tiendra, Monsieur le chapeau. TIMAGÈNE.
Doucement, Madame Sorbin ; sied-il bien à une femme aussi sensée que vous l'êtes de perdre jusque-là les égards qu'elle doit à son mari ?
MADAME SORBIN.
À l'autre, avec son jargon d'homme ! C'est justement parce que je suis sensée que cela se passe ainsi. Vous dites que je lui dois, mais il me doit de même ; quand il me paiera, je le paierai, c'est de quoi je venais l'accuser exprès. - 37 -PERSINET.
Eh bien, payez, Monsieur Sorbin, payez, payons tous.
MONSIEUR