La batail de non rétroactivité
Le Monde célébrait il y a peu la victoire de Nicolas Sarkozy sur les juges. Le nom de l’arbitre n’était pas dévoilé. Ni le lieu de la bataille. Ni les armes utilisées. Ce qui laisse quelque latitude dans l’utilisation de cette rhétorique guerrière et même un léger doute sur le décompte des points.
À vrai dire, si combattants il y a, la distribution des rôles a infiniment moins d’importance que l’enjeu de la bataille. Une fois Nicolas Sarkozy disparu de la scène politique - oui, cela arrivera bien un jour - il se trouvera nécessairement d’autres champions des causes qu’il défend avec cet acharnement auquel on peut rendre hommage. Et si les juges un jour baissent la garde, d’autres se lèveront. Heureusement.
Il est un terrain en tout cas sur lequel Nicolas Sarkozy a essuyé, pour l’instant, un revers cuisant: celui de la rétention de sûreté. Il s’agissait là d’un combat essentiel pour les libertés. Une bataille difficile à analyser et presque impossible à expliquer à l’opinion publique. Car Nicolas Sarkozy avait habilement déplacé l’enjeu: pour lui, les défenseurs des victimes de crimes abominables; contre lui, les partisans des assassins. Vu sous cet angle, il est effectivement difficile de combattre la rétention de sûreté. Présentation évidemment tronquée. Tout autant que l’était avant son abolition, le débat sur la peine de mort. Les partisans de l’abolition était régulièrement traités de suppôts du crime alors qu’ils ne faisaient que défendre la dignité humaine.
Malgré cette habileté, Nicolas Sarkozy, à notre avis, a été battu à plate couture. En l’état. Je ne parlerai même pas de ce que représente la rétention de sûreté: un recul prodigieux de l’idée de justice, un poison lent mais certain pour les libertés. Je n’évoquerai que la volonté obstinée du président de la République de violer cette base de notre système juridique qu’est la non-rétroactivité des lois pénales. Ce principe, très difficile à expliquer,