La bête humaine
Le récit raconte une échappée aux allures de traque et de poursuite policière.
Au cours d’une chasse à l’homme imaginaire, Jacques semble fuir de mystérieux et fantomatiques poursuivants. Il paraît en proie à un véritable délire paranoïaque qui pousse à s’enfuir "plus loin, toujours plus loin".
Cette angoisse panique se traduit d’abord par le mouvement et le rythme impulsés au récit ainsi que par le cadre spatio-temporel : la nuit, une nature déserte, silencieuse (pas de bruit d’animaux, ni de feuilles froissées, de branches cassées, ni d’aucune vie d’ailleurs, si ce n’est celui du train) et hostile.
a) Le rythme : la cadence est soutenue, effrénée. Verbes de mouvement, emploi métaphorique du verbe galoper, phrases courtes, emploi du passé simple, actions rapides et brèves.
b) Le mouvement : sans but et erratique, incontrôlable et désordonné : "tout droit" et "toujours plus loin" mais apparemment vers nulle part ; il tourne en rond, se perd, s’égare, et s’avoue finalement "vaincu". Le réseau sémantique de la chasse, de la battue, de la traque, de la poursuite. Comparaisons, personnifications (début de l'extrait).
c) Le décor : une nature hostile
Temps : la nuit totale, ("campagne noire").
Espace : la rivière symbolique, les obstacles.
Déshumanisé, sans être, ni vie d’aucune sorte.
Fuite intérieure et extérieure, l’une enchâssée dans l’autre.
II. Echapper à soi-même : le leurre de la fuite
a) Se fuir, un personnage double et antithétique
La fuite première se redouble d’une fuite seconde signalée principalement par le changement des temps verbaux, on est passé en effet à l’imparfait de narration.
La dynamique de la course autorise le retour du refoulé, libère le double caché et sauvage. Elle laisse émerger la folie. Aussi assiste-t-on à une fuite en avant vaine : "son unique pensée était d’aller tout droit, plus loin, toujours plus loin".
En fait, ce qu’il fuit, c’est d’abord lui-même ou plutôt la "bête