La bêtise
« La bêtise n'est pas mon fort » écrivait Paul Valéry dans La soirée de M. Teste en 1896. Cette citation laisse prétendre que l'on peut choisir de ne pas faire preuve de bêtise en se cultivant et que l'intelligence suffit à échapper à la bêtise. Une telle affirmation suppose de s'interroger sur la définition de la bêtise et à quels mots s'opposent elle. Dans son sens commun, la bêtise est un propos stupide, irréfléchi ou futile mais il ne suffit pourtant pas d'être cultivé pour y échapper. On ne décide pas d'être ou de ne pas être bête. En outre, la bêtise s'accompagne nécessairement s'un sentiment d'autosuffisance et de refus de dialoguer avec autrui.
Il s'agira donc de savoir en quoi consiste exactement la bêtise, est-elle une disposition d'esprit, une manière de se comporter ou encore une manière de penser? Est-on dans la bêtise volontairement? Et dans quelle mesure celle-ci s'oppose t'elle à l'intelligence?
Cette question est légitime parce qu'elle permet justement d'éviter de tomber dans la bêtise et de savoir comment y échapper.
Ainsi, nous verrons d'abord comment la bêtise est selon l'opinion commune une affaire de contenu, comment celle-ci est une manière de se comporter et de parler, puis nous verrons comment la bêtise est une question de forme, c'est-à-dire comment celle-ci est avant tout une manière de penser et surtout de se penser soi-même.
Selon l'opinion commune, la bêtise est le manque d'intelligence ou de jugement ou encore une action irréfléchie, imprudente ou répréhensible.
Toujours selon cette opinion commune, le contraire de la bêtise est l'intelligence. En effet, l'idée répandue est qu'il suffit d'être intelligent pour ne pas être bête. L'intelligence ou encore la culture (...) ont pour conséquence de persuader l'imbécile que la bêtise ne le concerne pas.
Nous pouvons toutefois trouver une double définition de la bêtise, d'abord la bêtise se produit dans la tête, puis elle se manifeste dans le langage ou dans