La censure invisible à la télévision
J'ai avancé en commençant que l'accès à la télévision a pour contrepartie une formidable censure, une perte d'autonomie liée, entre autres choses, au fait que le sujet est imposé, que les conditions de la communication sont .imposées et sur¬tout, que la limitation du temps impose au discours des contraintes telles qu'il est peu probable que quelque chose puisse se dire. Cette censure qui s'exerce sur les invités, mais aussi sur les journalistes qui contribuent à la faire peser, on s'attend à ce que je dise qu'elle est politique. II est vrai qu'il y a des interventions poli¬tiques, un contrôle politique (qui s'exerce notamment au travers des nominations aux postes dirigeants) ; il est vrai aussi et surtout que dans une période où, comme aujourd'hui, il y a une armée de réserve et une très grande précarité de l'emploi dans les professions de la télévision et de la radio, la propension au conformisme politique est plus grande. Les gens se conforment par une forme consciente ou inconsciente d'autocensure, sans qu'il soit besoin de faire des rappels à l'ordre.On peut penser aussi aux censures économiques. Il est vrai que, en dernier ressort, on pourra dire que ce qui pèse sur la télévision, c'est la contrainte économique. Cela dit, on ne peut se contenter de dire que ce qui se passe à la télévision est déterminé par les gens qui la possèdent, par les annonceurs qui payent la publicité, par l’Etat qui donne des subventions, et si on ne savait, sur une chaîne de télévision, que le nom du propriétaire, la part des différents annonceurs dans le budget et le montant des subventions, on ne comprendrait pas grand chose. Reste qu'il est important de le rappeler. Il est important de savoir que la NBC est la propriété de, General Electric (ce qui veut dire que, si elle s'aventure à faire des interviews sur les riverains d'une centrale atomique, il est probable que.., d'ailleurs ça ne viendrait à l'idée de personne...), que CBS est la