La censure
INTRODUCTION
La censure est l’art de découvrir dans les œuvres littéraires ou dramatiques les intentions malveillantes. La diffusion de l'imprimerie avec des caractères mobiles à partir du XVe siècle modifie radicalement la donne : les imprimeries se multiplient et avec elles les écrits imprimés de toutes sortes, notamment ceux inspirés par les idées de la Réforme (Luther, Calvin), que les autorités de l'Eglise, de l'Université et de l'Etat veulent empêcher de se propager. Les premières mesures prises contre la liberté de publication procèdent directement de la défense de la religion catholique, et c'est la faculté de théologie qui joue le premier rôle dans le déploiement de la censure. En 1521, la Sorbonne condamne les idées de la Réforme et se lance alors dans l'interdiction de livres "hérétiques", dont un catalogue est établi en 1543. La répression ne tarde pas à se mettre en mouvement : on brûle les livres interdits et on châtie aussi les auteurs et les imprimeurs. Mais cela n'empêche pas la diffusion d'écrits litigieux. D'où des demandes de mesures plus radicales :
En 1629, Richelieu charge le chancelier et le garde des Sceaux d'examiner des ouvrages et de leur accorder ou non « le privilège du roi ». La principale mesure nouvelle est l'obligation de dépôt du manuscrit auprès du chancelier ou garde des sceaux et la nomination d'un censeur pour chaque manuscrit soumis aux autorités. Enfin, en 1641 est créée la fonction officielle de censeur royal – leur nombre ira croissant jusqu'à la Révolution.
I.QUI CENSURE ? QUE CENSURE-T-ON ?
La censure relève de l'Etat. C'est une censure préalable : tout livre doit être approuvé avant publication.
La censure est organisée par la Librairie, dont le directeur est nommé par le Garde des sceaux. Près de deux cent censeurs appointés y travaillent, regroupés en plusieurs domaines de compétences (la théologie, la jurisprudence, la médecine, la chirurgie et l'anatomie, les mathématiques,