La certitude
Depuis qu’ils existent, les hommes ont construit et continuent de construire leur vie sur des certitudes, afin de façonner leur monde à partir de celles-ci. On peut définir la certitude comme étant l’état de l’esprit qui consiste en l’adhésion ferme à une vérité connue, sans crainte de se tromper. L’évidence est ce qui fonde la certitude. Autrement dit, on est certain de quelque chose, quand on porte un jugement qui exclut le doute et la crainte de l’erreur; telle vérité me paraît certaine parce que je vois bien qu’il ne peut pas en être autrement. On peut diviser la certitude à plusieurs niveaux: du point de vue de son fondement ou du point de vue de la manière dont on l’obtient. Du point de vue de son fondement elle peut être métaphysique ou absolue quand elle est fondée sur l’essence des choses, elle peut être physique quand elle est fondée sur les lois de la nature ou sur l’expérience, elle peut être morale quand elle s’appuie sur des lois psychologiques concernant le mode d’agir des êtres humains. Du point de vue du mode par lequel on l’obtient, elle peut être immédiate quand elle se donne par l’examen de l’objet lui-même, médiate quand elle se donne par l’intermédiaire d’une démonstration, elle peut être intrinsèque donc fondée sur la vue de l’objet lui-même, ou extrinsèque donc fondée sur le témoignage de l’autorité qui a vu l’objet. Nous constatons qu’il existe plusieurs certitudes et plusieurs manières de les obtenir, ce qui nous conduit à nous demander si premièrement elles se valent toutes et s’il faut en préférer une plus qu’une autre, et dans ce cas pour quelles raisons le faudrait-il? Et s’il existe autant de certitudes et de manières de les obtenir nous pouvons tout aussi bien douter de l’existence même de la certitude quelle qu’elle soit et partir du principe que chacun a ses certitudes et qu’il construit son monde à l’image de celles-ci en ne se préoccupant des sujets l’environnant. Le monde serait alors rempli de jugements