La Chambre à coucher de Van Gogh
La courte carrière du peintre hollandais Vincent Van Gogh est marquée de révélations successives. En 1886, il s’installe à Paris. Il y rencontre les peintres impressionnistes et commence à utiliser des tons plus clairs. Mais ce sont surtout les estampes japonaises qu’il admire et qui l’inspirent [ image 1 ]. Elles lui donnent notamment le goût des couleurs vives et des contours cernés qui deviendront caractéristiques de son style. Dans le Midi, où il s’installe en 1888, il découvre enfin la lumière dont il rêvait, celle qui exalte les couleurs et révèle leur pouvoir expressif.
UNE CHAMBRE POUR « REPOSER LA TÊTE »
À Arles où il s’établit en février, il loue la « maison jaune » et réalise des peintures pour en décorer les murs, comme les célèbres Tournesols[ image 2 ]. Sa chambre devient même le sujet d’un tableau, dont il fournira plus tard deux autres versions. Celle du musée d’Orsay a été réalisée en 1889 [ image principale ], alors qu’il était interné à l’hôpital psychiatrique de Saint-Rémy-de-Provence. Il l’a peinte spécialement pour l’offrir à sa mère. Une lettre à son frère Théo nous éclaire sur ses intentions : « La vue du tableau doit reposer la tête ou plutôt l’imagination », écrit-il. L’artiste qui traverse une période difficile apparaît clairement en quête d’apaisement. Au travers de cette œuvre, il veut suggérer le repos auquel il aspire et cherche à calmer les tourments qui l'assaillent. Seule l’étrange perspective qui définit l’espace de la chambre laisse transparaître une instabilité, une inquiétude : le mobilier semble flotter dans la pièce, le lit glisser vers le spectateur.
L’EXPRESSION PAR LA COULEUR ET LA TEXTURE
Tout le tableau repose sur le travail de la matière picturale qui est tout à la fois couleur et texture. Elle est texture, car Van Gogh la triture presque comme un sculpteur, il joue avec la forme de la touche, il accentue les reliefs