La chasteté, une vertu philosophiquement fondée
Il n’utilise pas le terme de chasteté mais ce qu’il dit de ce que rend possible une saine gestion de la différence des sexes permet de nourrir notre réflexion :
« La différence des sexes n'est pas non plus la dualité de deux termes complémentaires, car deux termes complémentaires supposent un tout préexistant. Or, dire que la dualité sexuelle suppose un tout, c'est d'avance poser l'amour comme fusion. Le pathétique de l'amour consiste dans une dualité insurmontable des êtres. C'est une relation avec ce qui se dérobe à jamais. La relation ne neutralise pas ipso facto l'altérité, mais la conserve. Le pathétique de la volupté est dans le fait d'être deux. L'autre en tant qu'autre n'est pas ici un objet qui devient nôtre ou qui devient nous; il se retire au contraire dans son mystère ».(3) Et pour Lévinas, cette capacité de l’autre de se retirer dans son mystère « est la façon d’exister du féminin. Et ce fait de se cacher est précisément la pudeur ».
On voit bien ici l’extraordinaire respect de la différence, jamais réductible à une fusion ou une confusion. A sa manière, Patricia Kaas dit bien dans sa chanson « Une histoire d’amour pas fini » cette impossibilité de fusionner lorsqu’elle évoque que « les retrouvailles se font à la frontière ».
Souvenons-nous aussi que la relation à l’autre intègre son mystère. Autrement dit il n’y a de relation humanisante que lorsqu’elle tient compte de trois dimensions : moi, l’autre et son mystère.
Très sensible au travail d’Emmanuel Lévinas sur le visage, Xavier Lacroix va aborder la question de la chasteté par le regard :
« "Chaste" sera le regard accessible à cette beauté. Loin d'être asexué (eros intervient toujours dans l'appréhension de la beauté), le regard chaste supporte la distance et respecte l'altérité (qui ne se réduit pas à la