La Chineet l'économie
N° 2005 - 193
La Chine et la théorie du commerce international
Si la théorie du commerce international est vérifiée, l'apparition de la Chine comme partenaire commercial majeur n'est pas inquiétante, au contraire. La Chine devrait se spécialiser dans des productions pour lesquelles elle a un avantage comparatif, une dotation factorielle favorable, et le bien-être de tous devrait être accru. C'est l'argumentation utilisée par les optimistes.
Cependant, on peut craindre que la réalité soit bien différente :
Rédacteur : Patrick ARTUS
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la loi du prix unique ne tient pas : les mêmes biens sont vendus à des prix différents par la Chine et par les pays avancés, ce qui peut refléter, mais pas uniquement, une anomalie de fonctionnement du système de taux de change. Les biais divers (faible protection sociale en Chine…) aggravent alors les écarts de prix et le processus de spécialisation internationale ne se met pas en place ;
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la Chine n'étant pas une économie de marché, il n'est pas du tout certain que les prix relatifs y tiennent le rôle qui permet l'allocation optimale des ressources. Normalement, l'ouverture aux échanges entre la Chine et les pays avancés devrait conduire, en Chine, à une hausse du prix relatif des productions peu sophistiquées ou utilisant peu de capital par rapport au prix des autres productions, et diriger les ressources rares (capital, travail, matières premières…) vers ces productions. Il n'est pas sûr que cela soit le cas, soit que les prix relatifs ne reflètent pas les conditions d'offre et de demande sur les marchés, soit que les producteurs ne réagissent pas aux évolutions des prix relatifs ;
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enfin, il n'y a pas plein-emploi, avec les énormes réserves de main d'œuvre dans les campagnes. Ceci veut dire qu'il n'y a pas égalisation des coûts des facteurs, en particulier des salaires, même pour les salariés les plus qualifiés ; qu'il n'y a pas rareté du travail, donc nécessité