La chronique de chavatte
Ce document est un extrait du livre Alain Lottin, Vie et mentalité d'un Lillois sous Louis XIV, basé sur la Chronique des choses mémorables survenues à Lille entre 1657 à 1693 dont l’auteur était Jean-Ignace Chavatte, sayetteur, c'est-à-dire tisserand de laine. Cet artisan lillois a laissé un livre de raison manuscrite qui est une des rares chroniques populaires au temps de Louis XIV, témoignant de la perception des événements contemporains de la vie quotidienne. Fils d'un artisan et d'une sage-femme, il s’est marié en 1672, et vit dans la paroisse populaire de Saint-Sauveur, à Lille. Attaché aux règles qui régissent son métier, il se fait le défenseur de la tradition face aux changements.
Cette chronique nous permet de connaître l’avis non pas d’un bourgeois ou d’un clerc, mais d’un humble artisan, un homme du peuple, dont la mentalité et la vision du monde qui l’entoure nous sont livrés de manière abrupte. Ces courts extraits nous permettent d’avoir une vision de la vie économique, sociale, politique et religieuse de Lille dans la seconde moitié du XVIIe siècle.
Les extraits du texte concernent la vie et le sentiment religieux du peuple lillois et sur ce point de vue la chronique de Chavatte est particulièrement riche, car notre sayetteur est un catholique dévot. Il accorde une place majeure, parmi les «choses mémorables», aux événements religieux, fêtes, processions, prédications, embellissements apportés aux églises.
Comment les chroniques de Chavatte nous permettent -elles une d’avoir une nouvelle vision de l’histoire ?
I ) L’emprise religieuse sur l’auteur
a) Le poids des confréries
La moitié des textes, extraits du document, sont d’ordres religieux, ces écrits sont imprégnés du sens de la providence divine, mais elle s'exprime plus volontier dans les cultes spectaculaires adressés au Saint-Sacrement, à la Vierge et aux saints. Vue à travers Chavatte, la vie religieuse du petit peuple lillois doit beaucoup