La chutte de kodak
La réalité est plus nuancée. Kodak est en fait un des tous premiers à avoir activement travaillé à la photo numérique. En 1992, pour un de mes projets clients de l’époque, nous avions acheté un appareil photo numérique. C’était un Kodak DCS 100, et il coûtait 220.000F (environ 50K Euros aujourd’hui!). On ne peut pas dire que Kodak ignorait la révolution numérique! Au contraire, Kodak était très active dans le domaine et est à l’origine de très nombreux brevets, qui d’ailleurs constituent aujourd’hui la dernière source de valeur de l’entreprise. L’entreprise n’a pas démérité non plus dans le domaine des appareils photo numériques où elle tenait encore récemment une place honorable. Alors d’où est venu le problème?
Kodak n’a pas raté la révolution numérique, mais elle a été victime du très classique dilemme de l’innovateur, décrit par le chercheur Clayton Christensen. Ce dilemme explique l’échec de l’innovation de rupture en termes de modèle d’affaire. Parfaitement au courant du développement du numérique, puisqu’elle en était l’instigateur, Kodak n’a pas voulu le promouvoir de manière déterminée pour une raison simple: protéger son activité principale de l’époque, la vente de films argentiques. La meilleure preuve est que l’entreprise a d’abord essayé de forcer le numérique dans le moule traditionnel, en inventant le film numérique (le pathétique. Forcer l’innovation de rupture dans le moule de l’activité traditionnelle est une réaction classique de "bourrage" (cramming en anglais). Le résultat est l’étouffement. Autre réaction: alors que le déclin de l’argentique était engagé, Kodak a décidé