Louis CHAUVEL, « Le retour des classes sociales ? »
Revue de l’OFCE, octobre 2001

Cet article se pose comme une synthèse empirique sur les 50 dernières années avec une réévaluation de la question des classes sociales. Absente du champ politique, cette notion demeure importante dans le champ sociologique. Un constat historique simple pousse à questionner l'affirmation de la fin des classes sociales. Nous pouvons distinguer deux périodes :
L'après-guerre: caractérisé par une croissance rapide avec l'effacement d'une partie du contenu objectif des classes sociales.
Depuis la fin des années 1970: reconstitution d’inégalités structurées déterminant objectivement les conditions de vie des groupes sociaux repérables. Se pose alors le problème de l'identité sociale de ces classes (absence d'organisation et de conscience). "Objectivement visibles mais subjectivement désarticulées, les classes sociales sont porteuses d'un avenir plus ouvert qu'on ne le croit".
Définition des classes sociales
De nombreux sociologues utilisent une définition qui permet de sortir des oppositions entre les approches traditionnelles (marxienne et wébérienne). Les classes sociales sont des catégories inégalement situées et dotées dans le système productif et marquées par une forte identité de classe (temporelle, culturelle et collective).Les inégalités ne sont donc pas simplement monétaires.
Les arguments pour la fin des classes sociales
Robert NISBET (1959) le premier essai de démontrer cela. Depuis ces travaux, les mêmes arguments sont avancés pour conclure à la disparition des classes sociales: réduction des inégalités économiques, éducatives, affaiblissement des frontières sociales en termes d'accès à la consommation et aux références culturelles, mobilité sociale, moindre conflictualité de classes et conscience de classe affaiblie.
Un portrait dynamique des inégalités aujourd'hui
Il est risqué d'assimiler inégalités et classes sociales. Néanmoins, la mesure des inégalités est