La Complainte Du Progr S
Biographie : Figure mythique du Paris d’après guerre, Boris Vian est mort à 39 ans. Il incarne l’esprit de liberté et d’invention propre à la rive gauche parisienne des années 1950 (Saint Germain des prés). Poète, romancier (L’Arrache-cœur, J’irai cracher sur vos tombes, l’Ecume des jours) , trompettiste de jazz, il est aussi auteur-compositeur de chansons dont les textes dénoncent les excès de la société ou défendent des convictions : chansons engagées (Le Déserteur).
Contexte de l’œuvre :
Chanson composée par Boris Vian en 1956, pendant la période des Trente Glorieuses (1945/1975) marquée par une croissance économique soutenue : production industrielle de produits manufacturés, démocratisation de ces produits, consommation de plus en plus frénétique de produits ménagers, développement de la publicité.
Analyse de l’œuvre :
Il s’agit d’une complainte, chanson populaire dont le thème est triste et la tonalité nostalgique d’ordinaire. Pourtant le mot « progrès » évoque une notion positive : amélioration, avancée, création. Le titre se présente donc a priori comme un oxymore, effet renforcé par le choix d’un rythme de bossa-nova, gai et entraînant, alors qu’il s’agit d’une complainte La chanson établit une comparaison des relations amoureuses « autrefois » et « aujourd’hui ». Cette comparaison fait apparaître que les relations sentimentales sont désormais régies par les biens de consommation. Chaque étape de la vie de couple, séduction, querelle de ménage puis séparation est l’enjeu de marchandages et de chantages à propos de ces biens matériels dont le refrain fait un inventaire hétéroclite. Au fil des couplets on montre que la relation amoureuse est régie par la possession de biens matériels et qu’elle se dégrade au profit de la conservation de ces biens matériels. Cette relation n’est que marchandage et le bonheur se résume à la possession d’objets de consommation. Boris Vian y adopte le ton de la dérision en recourant