La condition humaine
[Amorce] « Car enfin, qu’est-ce qu’un homme dans la nature ? » s’interrogeait Pascal au xviie siècle dans ses Pensées… Cette interrogation fondamentale sur l’homme n’est propre ni au siècle, ni à l’écrivain. La Condition humaine est le titre d’un roman de Malraux qui obtint le prix Goncourt en 1933… Voilà qui indique clairement l’importance et le rôle de la littérature dans la réflexion et l’évolution des idées sur l’homme et les sociétés humaines. [Problématique] D’où vient donc l’efficacité des œuvres littéraires pour répondre aux préoccupations existentielles des hommes depuis l’Antiquité ? Si la littérature, par la mise en forme et le travail sur le langage qu’elle implique, est un support privilégié pour explorer en profondeur les questions relatives à la condition de l’homme, c’est que les écrivains disposent de formes et de moyens extrêmement variés pour le faire. [Annonce des axes] L’argumentation directe, plus propre à convaincre [I], tient sa force de ressources différentes de celles l’argumentation indirecte, plus propre à persuader [II]. Ainsi la puissance des œuvres littéraires varie selon la stratégie argumentative adoptée mais aussi et surtout selon le public auquel elles s’adressent. L’écrivain doit tenir compte du contexte, de son lecteur pour donner à sa réflexion toute sa profondeur et sa portée [III].
I. Les genres littéraires propres à convaincre
1. Quels genres pour convaincre ? Dans quel contexte ?
Ce sont les genres de l’argumentation directe : l’essai, le traité ou le discours, qui se prêtent à l’examen méthodique et didactique d’une notion, à l’exposé d’une thèse ; ils ont en général un titre clair. Exemples : articles « Autorité » ou « Philosophe » de l’Encyclopédie ; Plaidoyer contre la peine de mort, discours prononcé à l’Assemblée constituante par Victor Hugo. Ces formes ont été pratiquées à toutes les époques : dialogues de Platon, textes de Descartes, Pascal au xviie siècle. Mais elles sont