La confiance, un mécanisme de réduction de la complexité sociale
Note de lecture
Niklas Luhmann
La confiance, un mécanisme de réduction de la complexité sociale
Paris, Economica, Etudes sociologiques (coll.), 2006.
132
¿ Interrogations ? - Revue pluridisciplinaire en sciences de l’homme et de la société. Numéro 9. L’engagement. Décembre 2009. http://www.revue-interrogations.org
A l’heure où prolifèrent ce que l’on nomme les « théories du complot », dont l’absurdité n’entame pas la popularité, et où, en retour, une forme d’anticonspirationnisme bien-pensant brandit inlassablement cette dénomination afin de discréditer tout mode de pensée critique, une analyse des thèses de l’ouvrage de Luhmann La confiance, un mécanisme de réduction de la complexité sociale semble appropriée en ce qu’il interroge les liens complexes qui unissent confiance, suspicion et socialité. L’approche de l’auteur est délibérément fonctionnaliste : l’existence de la confiance est considérée sous l’angle de sa contribution au fonctionnement et à la stabilité de la vie sociale. Comment définir la confiance? L’auteur distingue le fait d’accorder explicitement et consciemment sa confiance à tel individu, entité, etc. d’une forme de confiance latente, continue et, pour ainsi dire, passive. Il existe ainsi une grande différence entre le fait d’accorder sa confiance, après réflexion, à un individu avant de lui prêter une certaine somme d’argent et celui de faire en général confiance à La Poste pour l’envoi et la réception du courrier. L’une des interrogations de l’auteur concerne précisément cette transformation graduelle de la confiance en attente implicite de continuité. Afin de différencier la confiance du simple rapport de familiarité avec le monde environnant, Luhmann définit la confiance routinière comme une attente d’uniformité focalisée sur des actions humaines. Toutefois, étant