La conscience
Cette citation de Pascal extraite des Pensées, dans laquelle il s’attache à montrer la spécificité de l’homme, fait directement écho à une formule plus célèbre encore qui la précède et qui définit l’homme comme un « roseau pensant ». Si Pascal compare l’homme à un roseau, c’est avant tout pour signifier sa faiblesse en tant qu’être physique et corporel : comme un roseau, il peut être détruit par un simple mouvement de la nature. Néanmoins, cette faiblesse et cette fragilité qui le caractérisent ne suffisent pas à le définir car, par la pensée, il est un être supérieur à ce qui l’entoure, plus noble et plus digne.
Comparé à la force et la puissance de l’univers, l’homme n’est rien s’il s’agit de lutter, mais la possibilité qu’il a de savoir qu’il meurt, alors même qu’il serait en train de mourir face à la puissance de l’univers, fait sa grandeur et sa noblesse. Tel est le premier sens du mot conscience cum scientia, « accompagné de savoir » qui renvoie à cette possibilité qu’a l’homme de s’observer, de se mettre à distance de lui-même, de savoir et de réfléchir.
Ainsi, la noblesse ne réside pas dans la force physique, aussi puissante soit-elle, mais dans la pensée, et c’est la possibilité que nous avons de penser qui fait notre dignité, qui fait de nous des hommes. Si cette formule de Pascal est essentielle, c’est au sens où elle peut permettre de mieux saisir la question de l’homme : affirmer que toute notre dignité réside dans la pensée, c’est commencer par souligner que nous ne sommes pas des bêtes et que nous ne pouvons pas nous comporter comme telles.
L’homme ne se définit donc pas avant tout par son corps, sa supériorité physique ou sa force, mais il se définit par sa pensée, son esprit. C’est même d’ailleurs face à la force et la violence qui le dépassent, qu’il se