La conservation des ruines en milieu urbain
Antoine le Blanc – MOSAIQUES / LOUEST
L’UNESCO définit de la façon suivante la ruine : « une construction qui a perdu une part si importante de sa forme et de sa substance originelles, que son unité potentielle en tant que structure fonctionnelle a aussi été perdue1 ». En fait il est surtout important de distinguer en fonction de l’origine de la ruine. Les effets spatiaux et symboliques ne sont pas les mêmes si les ruines sont dues à un traumatisme violent (guerres, séismes…) ou si elles sont l’oeuvre du temps et de l’incurie. Ici, il sera question des ruines issues de ruptures violentes, plus précisément des séismes.
Les tremblements de terre peuvent constituer des ruptures fortes dans l’histoire d’un territoire. Des secousses même peu violentes2 modifient l’espace urbain, à différentes échelles, et selon différentes modalités. Les transformations urbaines qui viennent immédiatement à l’esprit sont les destructions et les éventuelles reconstructions consécutives des bâtiments et des infrastructures, qui produisent un nouveau visage de la ville. Les tremblements de terre qui touchent une ville de façon plus ou moins dévastatrice ont des conséquences sur la forme urbaine, sur le paysage urbain, mais aussi, de façon moins évidente, sur la façon dont une population vit son territoire. Les modifications des comportements, de la façon de vivre la ville, constituent des transformations parfois très substantielles, qui à leur tour modifient l’aspect et la forme de la ville. Ainsi le problème de la conservation des ruines se pose de deux manières : sur le plan de l’intégration urbaine des dommages matériels causés par le séisme, et sur le plan de la culture du risque, puisque la présence de ruines peut modifier la conscience du risque et le comportement des habitants visà- vis des risques. C’est l’esprit de l’intitulé de cette