La Constitution Afghane de 2004: enjeux et limites
Ratifiée le 26 Janvier 2004, par Hamid Karzaï, l'actuelle Constitution de l'Afghanistan a été approuvée par plus de 500 notables afghans, représentants hommes et femmes du peuple, réunis en en une assemblée constituante, la Loya Jirga. Cette Constitution afghane a permis de replacer sur la voie de la démocratisation un pays ravagé par plus de 30 ans de guerre et fait suite à la chute du régime Taliban en 2001 après l'intervention américaine. L'Afghanistan, devenue République islamique d’Afghanistan en 1973 suite au coup d'Etat non violent dirigé par le président Daoud Khan qui destitue le Roi Zahir Shah, aura connu au total 8 constitutions différentes depuis l'indépendance du pays proclamée en 1919. En revanche deux d'entre-elles seulement semblent porter les germes d'une stabilisation politique du pays, celle de 1964 et l'actuelle constitution. Cette dernière, inspirée de la Constitution américaine de 1776, et surtout de la déclaration universelle des droits de l'Homme, marque une avancée majeure pour l'Afghanistan: l'application rigoriste de la charia est abandonnée et les femmes retrouvent un certain nombre de libertés supprimées jusqu'alors par les Talibans qui les empêchaient notamment de travailler, de fréquenter l'enseignement public et universitaire et d’exercer une activité hors de chez elle. C'est dire l'ampleur de la tâche représentée par la création, ex nihilo, d'une Constitution au lendemain de la chute des Talibans. L'absence de réelle tradition afghane en la matière s'ajoutait aux difficultés inhérentes à la reconstruction institutionnelle d'un pays en état de guerre (de décolonisation, puis civile) depuis presque un quart de siècle, dans un contexte où ruine économique et considérable retard socio-éducatif pèsent lourdement sur les choix politiques de la population. Pourtant, l'édification de mécanisme juridiques précis apparut indispensable dès les premières