La crise en espagne
Mots clés : El Pais, Madrid
Par Mathieu de Taillac Mis à jour le 08/11/2012 à 21:58 | publié le 08/11/2012 à 18:18 Réactions (figaro)
Ce vendredi matin, pour la troisième fois de suite, les kiosques espagnols n'auront à offrir qu'une édition rachitique d' El País . Le quotidien espagnol de référence, diffusé à 334 .132 exemplaires en moyenne, est réduit à un numéro anodin, et quasiment anonyme. Depuis trois jours, en effet, les signatures sont presque inexistantes dans les pages nationales, et les articles ne sont qu'une mise en forme de dépêches d'agences de presse. Car la rédaction du premier quotidien d'Espagne observait jeudi son troisième jour de grève. 95 % des salariés, selon les syndicats, 79 %, selon la direction, ont refusé de se rendre au travail.
À l'origine du conflit, un plan social sans précédent. La direction envisage la suppression de 149 emplois (121 licenciements et 28 préretraites), soit près d'un tiers des 460 postes de travail. La rédaction, durement frappée par le plan, est en état de choc. Impossible, dans ces conditions, de continuer à faire un journal de qualité, dénoncent en substance les employés. «El País ne sera plus El País», répètent les grévistes. Ces derniers multiplient les mobilisations: vidéos distribuées sur les réseaux sociaux, manifestations dans les rues de Madrid, et même opérations de sensibilisation des lecteurs, devant les kiosques à journaux. À la direction, on reconnaît que le journal ne sera plus le même. «Il est évident qu'on ne pourra plus faire la même chose avec 150 personnes de moins», expliquent des sources du quotidien. «Mais ce qui est en jeu, ce n'est pas le niveau de rentabilité, mais la survie même du journal.» Une affirmation qui s'appuie sur l'existence de «pertes au dernier trimestre», dont l'étendue n'a pas encore été publiée. Le journal explique sa propre crise par le contexte économique. Les revenus publicitaires ont baissé de moitié dans