La culture est-elle ce qui cultive l’homme ?
Introduction :
Rousseau écrit dans l’Emile : « on façonne les plantes par la culture, les hommes par l’éducation. » Cette citation a le mérite de présenter les deux sens du mot culture.
Dans son sens général, culture vient du latin colere, qui signifie « mettre en valeur », par exemple un champ, mais tout aussi bien un esprit. On ne cultive donc pas que la nature ou la terre. L’homme peut aussi se cultiver lui-même.
Seulement, chez Rousseau, ce rapprochement entre les deux sens du mot culture, cache une critique de la culture et de sa civilisation. Pour lui, le processus par lequel les hommes se civilisent ne s’identifie pas forcément à un progrès.
Toute l’anthropologie contemporaine de Cl. Lévi-Strauss se situe dans cette perspective ouverte par Rousseau.
Il n’y a pas une seule marche unique de l’humanité qui irait de la nature vers la culture, qui ne pourrait que s’améliorer ; mais l’épanouissement de formes multiples de civilisations.
Il n’y a pas une opposition entre la nature et la culture ; mais un passage, une articulation entre la nature et les cultures.
Avec Lévi-Strauss, on parlera donc, désormais des cultures humaines. Les cultures « primitives » ne seront plus, en dépit de ce que suggère ce mot, en retard par rapport à la civilisation occidentale ; mais, seulement, différentes.
La culture en est venue, par ce biais, à désigner un ensemble de normes collectives qui s’incarnent dans le temps et dans l’espace (les civilisations) sans qu’aucune ne vale plus qu’une autre. Et l’on peut même tirer comme principe que plus l’humanité se diversifie dans des pratiques culturelles différentes ; et plus elle se sauve.
Pour autant, la culture reste aussi la question du raffinement individuel. Faut-il en déduire que la question de la culture renvoie à la question de la nature humaine, aussi bien dans sa dimension universelle que singulière ?
Culture et Histoire :
A l’optimisme du siècle des Lumières, Rousseau oppose