Avec Renée, Saccard est le personnage principal de La Curée. Présent à chaque chapitre, son portrait physique est succinct : « petit, laid, noirâtre », la « mine chafouine » et les « jambes grêles » dessinent grossièrement un portrait peu flatteur. Du point de vue moral, Saccard est un personnage monolithique placé sous le signe de l'or. Symbole de la « spéculation furieuse d'une époque », affairé à faire « jaillir des millions » (chapitre 2), il naît d'une compilation de figures historiques : les frères Péreire et Haussmann ont en effet pu inspirer Zola. Saccard cherche avant tout l'argent et non le Bien. Ses affaires se révèlent souvent véreuses : sans remords, il dupe « la Ville, l'état, et sa femme » (chapitre 4) en faisant preuve d'une imagination féconde pour monter des coups. Au chapitre 5, dans l'affaire de Charonne, il invente un « conte à dormir debout » pour obtenir son argent. La couleur de Saccard, c'est donc l'or. La récurrence de cette couleur dans la description de l'hôtel Saccard (chapitre 1) et la métaphore alchimique qui traverse le texte le disent de façon obsédante. Si Saccard est fort en affaires, il est à l'inverse un père et un mari démissionnaires. Il incarne en cela la perversité morale du Second Empire. Il laisse Renée avoir des amants, sortir dans des lieux peu fréquentables (chapitre 4). Il ne réagit pas face à l'inceste (chapitre 6) et n'a jamais éduqué son fils (chapitre 3). Il s'impose comme le parfait reflet des préoccupations matérialistes d'une époque