La démocratie dans les pays en voie de développement
L'aide au Tiers-Monde est devenue conditionnelle. Elle fut d'abord subordonnée aux "ajustements structurels"; la voilà maintenant dépendante des "progrès démocratiques" enregistrés dans les États demandeurs. La démocratisation serait un préalable à l'aide et au commerce et donc au développement. En fait cette dernière exigence ne concerne que les pays les plus pauvres (Haïti pour caricature), car les événements de Tien an Men n'empêchent plus les investissements en Chine. En fait le "préalable démocratique" masque une exigence autre : l'existence, dans le pays concerné d'un État de droit - démocratique ou non - favorable au développement du commerce et de l'investissement internationaux.
Les conditionnalités occidentales
L'Etat de droit
Un État de droit (par opposition à État arbitraire), car cela permet l'anticipation du comportement des autres agents. Favorable au développement, c'est-à-dire ne détournant pas les capitaux extérieurs vers des fins militaires, somptuaires ou d'auto-reproduction du personnel politico-administratif.
Or l'État de droit ne se confond pas nécessairement avec l'État démocratique car l'État de droit peut être "conservateur", qu'il soit dictatorial (Salazar au Portugal), ou démocratique (Méline en France), ou "progressiste" sous les formes du "despotisme éclairé" (Colbert ou Bismarck ou Mutsu Hito) ou de la "démocratie éclairée" (les pays anglo-saxons depuis le XVIIIème siècle) voire "providentielle" (pendant les Trente Glorieuses). Au total si l'État arbitraire n'est pas favorable au développement, certaines formes d'État de droit - démocratiques ou dictatoriales - ne le sont pas non plus.
S'il y a donc du flou possible dans l'injonction démocratique adressée aux pays pauvres (écarts entre le discours démocratique homogène et universaliste et la diversité des pratiques relationnelles réelles) c'est qu'il est permis par le flou des définitions des termes employés.
D'abord distinguer le Politique de l'Étatique : le