La dignité du travail
Le concept de travail salarié, qui n'existe sous sa forme actuelle que depuis moins de deux siècles, est encore considéré presque unanimement comme la seule référence absolue et universelle du travail. Lorsque l'on revendique le droit au travail pour tous, implicitement - et souvent explicitement - c'est le droit au travail salarié (par l'intermédiaire et dans le cadre d'entreprises privées ou publiques). Dans cette vision éminemment réductrice, et dans cette confusion - pas toujours volontaire, pas souvent explicite - entre travail et travail salarié, l'alternative pour combattre le chômage devient elle aussi relativement simple. Si les entreprises ne peuvent volontairement, citoyennement, librement satisfaire à ce droit au travail, qu'à cela ne tienne. Soit on les y contraindra - ceci semble figurer en filigrane dans la plupart des programmes qui se réclament de la gauche ou de l'extrême gauche. Soit on utilisera les entreprises publiques ou parapubliques pour cela.
Karl Marx avait pourtant tenté de lutter contre la myopie apparemment toujours d'actualité - des économistes de son époque. Il s'était en particulier battu, parfois contre des théoriciens ou des syndicalistes de son propre camp. Pour lui, aucune analyse économique scientifique Marx tenait beaucoup à ce qualificatif pour ses propres thèses ne devait oublier la dialectique entre les diverses formes d'activité permises par les technologies prévalantes à l'époque considérée, et les détenteurs de ces technologies ou de l'accès à ces technologies. Marx, plongé dans la révolution industrielle née plus d'un quart de siècle avant lui, avait clairement vu, même si ses arguments n'étaient pas toujours convaincants, le côté contingent du travail salarié.
Quoiqu'il en soit de certaines de ses prévisions ou prophéties comme le grand soir chanté dans l'Internationale et auquel peu de gens continuent réellement à croire, en dehors peut être de certains CGTistes purs et durs