De Platon à Aristote, de Saint-thomas d’Aquin à Kant, d’une vision chrétienne à une conception juridique, de l’utilitarisme anglo-saxon à la déontologie, d’une notion philosophique à un véritable principe fondamental de droit, du Traité des ordres et simples dignités de Charles Loyseau à une reconnaissance constitutionnelle de la dignité en 1994, peut-on universaliser et adopter une commune appréciation du principe de dignité humaine espérant obtenir une véritable efficacité face à l’indignité ? Emmanuel Kant, dans la Métaphysique des mœurs, apporte une approche fondamentale de la notion de dignité humaine. Il tente de répondre à une question essentielle : qu’est ce que la dignité humaine ? Etymologiquement, le terme vient du latin« dignitas » et du grec « axia » qui signifie valeur, ce qui mérite l’estime et l’honneur, ce à quoi ou à qui l’on doit un certain respect, ce qui importe grandement. L’interprétation de la notion a entrainé deux visions très différentes. D’un côté, la dignité serait liée à l’homme, à sa qualité d’être et donc elle serait rattachée à l’humanité dans sa globalité. De l’autre, la signification serait profondément liée à l’idée de société, à une hiérarchie de classe de sorte que la dignité correspondrait à un titre, une fonction ou encore une attitude empreinte de noblesse et de gravité, elle marquerait par conséquent une différence entre les hommes. Dès son origine même, le concept serait donc emprunt d’un fort paradoxe. Ainsi si la notion existe depuis des siècles, parcourue par la Grèce antique, le christianisme, le judaïsme et autre religion et courant philosophique, aucune définition unique n’a réussi à émerger. Kant, fameux philosophe allemand né en 1727, apporte une contribution essentielle à l’évolution de la notion de dignité humaine. Plus proche de la conception chrétienne lié au dogme « ne fais pas à autrui, ce que tu ne veux pas que l’on te fasse », et plus éloigné de l’idée d’une dignité attribuée à une minorité telle