La dissuasion nucléaire
Cette notion consiste en la peur, dans les deux camps, de l'utilisation par l'autre de l'arme nucléaire. Si c'était le cas, l'agressé répliquerait avec les mêmes armes et, en raison de la puissance et des effets des armes nucléaires, chacun pourrait être totalement détruit (MAD, Mutually Assured Destruction ou « Destruction mutuelle assurée ») ou au moins subir des dégâts très importants, si bien que les avantages d'être l'agresseur sont quasi nuls. La stabilité de cette configuration, où deux adversaires se dissuadent ainsi mutuellement, dépend avant tout de la capacité de l'agressé à frapper nucléairement l'autre après avoir subi une première frappe atomique. C'est la « capacité de seconde frappe », élément moteur de la course aux armements qui a opposé les deux superpuissances durant la Guerre froide.
Du fait de leur exceptionnel pouvoir létal en une seule frappe, les armes nucléaires sont longtemps apparues comme essentiellement des armes de pression politique. C'est là l'objectif explicite de la force de dissuasion nucléaire française, élaborée à partir de 1958 par le général de Gaulle.
Cette primauté accordée à l'usage dissuasif de l'arme nucléaire n'est cependant pas universelle : celle-ci est apparue progressivement mais rapidement aux États-Unis, mais ne faisait pas partie du corpus doctrinal officiel de l'URSS. Toutefois la dissuasion mutuelle pesait sur les relations entre les deux pays, comme semblent en témoigner les résolutions « pacifiques » des crises qui ont ponctué la guerre froide. Au contraire, certains auteurs, tels Bruno Tertrais, affirment qu'« il y a sans nul doute une part d’universalité dans la logique de la dissuasion