INTRODUCTION
L’ancien premier ministre du Canada, Pierre-Elliott Trudeau, a laissé sa marque dans l’évolution de la société canadienne notamment en déclarant : « L’État n’a rien à faire dans les chambres à coucher de la nation ». Cette célèbre phrase a entouré la décriminalisation de l’homosexualité, car jusqu’en 1969, les relations homosexuelles étaient un acte criminel encourant la peine de mort ou l’emprisonnement à vie (Comité des droits des gais et lesbiennes CSQ, 2007 : 1). Quelques années plus tard, en 1977, le Québec a ajouté l’orientation sexuelle aux motifs de discrimination prohibés (Charte des droits et liberté de la personne, L.R.Q. c. C-12, art. 10). Cela démontre bien qu’en dépit du fait que les personnes homosexuelles ont toujours existé et qu’elles constituent approximativement 10% de la population, la reconnaissance de leur réalité est, somme toute, récente. D’ailleurs, l’ouverture générale face à la diversité sexuelle n’est pas synonyme d’acceptation et de milieu non-discriminatoire. À ce propos, une étude démontre que 44% des gais et lesbiennes estiment avoir fait l’objet de discrimination au cours des cinq dernières années et que près de 80% d’entre eux en attribut la cause à leur orientation sexuelle. De plus, ces situations étaient majoritairement vécues au travail, lors d’une recherche d’emploi ou d’une promotion (Statistique Canada, 2004 : 11).
La discrimination est donc bel et bien présente dans le monde du travail, où ces personnes sont souvent dans un milieu majoritairement hétérosexuel (Huffman, 2008 : 238) et où les marques d’homophobie sont de plus en plus subtiles (Griffith, 2002 : 1191), souvent maquillées par l’humour. C’est pourquoi la divulgation de l’orientation sexuelle au travail est un sujet sensible et une source de stress pour bien des travailleurs homosexuels. Le choix de révéler son orientation sexuelle à ses collègues de travail ainsi qu’à ses supérieurs est une décision personnelle. D’un côté, garder le secret permet