La double peine des femmes au xixe siècle
Florence Loriaux ___________________________________________________________________ Le travail féminin avant l’industrialisation De tous temps, les femmes ont participé à la vie économique et le XIXe siècle est loin d’avoir inventé le rôle de la femme au travail. Avant l’industrialisation, l’activité professionnelle des femmes n’est pas directement visible car elle est caractérisée par le travail à domicile et guère rémunéré. De plus, les femmes sont essentiellement définies par leurs rôles d’épouse et de mère ainsi que par leurs fonctions domestiques. Lorsqu’elles pratiquent une activité, celle-ci relève du service domestique, du travail agricole, du commerce, de l’artisanat textile,… Le travail féminin est alors lié à la conjoncture et à la situation familiale. Un discours unanime : la place de la femme est au foyer Le discours des moralistes, des légistes, des théologiens a toujours développé le précepte selon lequel la place des femmes est au foyer et la sphère professionnelle ne doit pas dépasser le seuil de la maison. Si Socrate pensait déjà que la femme, «c’est la ménagère et la mère de famille, c’est elle qui gouverne la maison, qui élève, qui berce et nourrit les enfants», Xénophon renchérira en précisant qu’«une bonne ménagère contribue autant que le mari au succès des affaires. C’est ordinairement par le labeur de l’homme que les gains entrent au logis ; mais ils se consomment, le plus souvent, par les soins de la femme». Certains penseurs s’insurgent toutefois contre ce concept comme Corneille Agrippa de Nettesheim, médecin, alchimiste, astrologue théologien allemand, qui, en 1529, dénonçait l’iniquité : «Pourquoi donc direzvous les femmes sont-elles réduites partout à la quenouille et aux simples soins du ménage ? La voici. La tyrannie des hommes qui prévaut sur tout, agissant contre le droit divin, violant impunément l’équité naturelle, a privé notre femelle