La démocratie s'épuise t-elle dans le suffrage universel?
La démocratie s’épuise t-elle dans le suffrage universel ?
Démocratie, est un des concepts les plus polysémiques et indéfinis de notre époque juridique. Si cette notion est reconnue, notamment dans les pays occidentaux comme le régime politique le plus juste, le plus égalitaire, et bénéficie d’une aura unique autour de sa légitimité (plusieurs dictatures ont utilisé ce nom, comme la République populaire démocratique de Corée par exemple), sa signification fait débat : notre démocratie actuelle n’a plus rien à voir avec le modèle de la Grèce Antique, ni même avec le principe de démocratie représentative. Il est dans l’essence d’une démocratie de permettre aux citoyens de participer à la formation de la volonté générale, et pour cela il semble logique de voir dans la notion de suffrage universel une base de ce régime politique. C’est ici que le sujet pose un paradoxe intéressant : comment la démocratie pourrait-elle s’épuiser dans son élément le plus essentiel, celui qui permet véritablement de se caractériser comme telle ?
Le suffrage universel est le vote reconnu à tous les citoyens, sous les seules conditions d’usage concernant l’attachement à la chose publique (âge, nationalité, capacité mentale). Si cette définition entraîne peu de controverses, il n’en est guère de même pour la notion de démocratie, extrêmement difficile à cerner. Pierre Brunet la définit comme un « système politique dans lequel la volonté du peuple est produite par deux entités distinctes –le parlement et le juge constitutionnel - dont les rôle ne sont pas exactement identiques puisque le Parlement est chargé d’exprimer une volonté, tandis que le juge constitutionnel est, lui, chargé de vérifier que cette volonté est conforme à la constitution ». L’ouvrage de vocabulaire juridique de Gérard Cornu la définit plus simplement comme un « régime politique dans lequel le pouvoir suprême est attribué au peuple, qui l’exerce lui-même, directement ou par l’intermédiaire des