la dénonciation de la colonisation dans une vie de boy
L’année 1945 coïncide avec la fin du processus de prise de conscience du peuple noir. Cette prise conscience est favorisée d’une part par les intellectuels noirs de la diaspora et d’autre part par les hommes politiques et les tirailleurs ayant participé aux deux guerres. Elle se manifestera au niveau de la création romanesque par la naissance d’un nouveau courant : le courant de la critique de la colonisation.
Une vie de boy qui s’inscrit de ce courant s’intéressera à la prise de conscience par rapport au vrai visage de la colonisation en Afrique et particulièrement au Cameroun
Une vie de boy est écrit sous la forme d’un journal tenu par un jeune domestique noir à la fausse ingénuité en butte à la tyrannie de ses trois maîtres successifs : son propre père, un prêtre catholique puis un administrateur colonial. Pour se libérer de l’emprise paternelle, il entre au service des deux hommes mais la dureté du monde des Blancs lui révèle tardivement sa méprise.
3.
LA PRISE DE CONSCIENCE D’UN LIEN AMBIGU
Cette prise de conscience tardive constitue la trame narrative du deuxième roman de Ferdinand Oyono, publié la même année, le Vieux Nègre et la Médaille (1956). L’auteur y décrit comment, le jour où il doit être décoré par l’administration française en récompense des « services » rendus à la « mère-patrie », services qui se sont traduits dans le passé par la perte de sa terre et de deux de ses fils, un vieillard prend la mesure de la réalité du colonialisme.
Le héros de son troisième roman, Chemin d’Europe (1960), subit une double coupure culturelle, vis-à-vis de la société traditionnelle et vis-à-vis de la culture occidentale qu’il a imparfaitement assimilée. Après cet ouvrage, publié au moment où son pays accède à l’indépendance, Ferdinand Oyono s’éloigne de l’écriture et commence une carrière de diplomate. Ambassadeur du Cameroun dans divers pays d’Europe (dont la France) et auprès des Nations unies, il retourne dans son pays en 1985 pour