La désobéissance à la loi peut-elle être un devoir ?
La désobéissance à la loi peut-elle être un devoir ?
Injustement condamné à boire la cigüe, Socrate refusera de s’enfuir par respect pour les lois. Cette considération inconditionnelle affirme la nature sacrée des institutions. La loi, prescription établie par l’Etat et applicable à tous, définit les droits et devoirs de chacun. Elle est également une condition à la liberté car il s’agit là d’un contrat, un engagement libre et volontaire par lequel des individus renoncent à leur liberté naturelle, c'est-à-dire ne pas entraver la liberté d’autrui pour ne pas être soumis. En échange, leur liberté, droits et sécurité sont garantis. Mais puisqu’il s’agit de lois en société et non de lois intérieures que l’on choisit pour soi, que faire lorsque ces lois sont injustes ? Jusqu'à quel point le principe de légalité doit prévaloir sur celui de justice ? La désobéissance à la loi peut-elle être un devoir ? Un devoir est quelque chose auquel on est obligé par rapport à la morale, les convenances ou par la loi. Nous verrons donc dans une première partie que la loi est une condition à la liberté, et que lui désobéir est ainsi s’en priver soi-même, puis nous verrons dans quelles situations la désobéissance à loi peut être un devoir, enfin nous nous demanderons s’il vaut mieux obéir à la loi ou à sa propre conscience.
Selon l’article 4 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1793, « La loi est l’expression libre et solennelle de la volonté générale ; elle est la même pour tous, soit qu’elle protège, soit qu’elle punisse ; elle ne peut ordonner que ce qui est juste et utile à la société ; elle ne peut défendre que ce qui lui est nuisible. » Dans ce cas précis, désobéir ne peut être un devoir, car nos seuls devoirs en société seraient de respecter la loi, non pas le contraire. La loi n’est pas une contrainte, or désobéir est un refus de se soumettre à la contrainte. Elle nous libère de l’arbitraire d’autrui, des jeux de force et