La féminisation
Les mécanismes de l’entrée des femmes dans les anciens « bastions masculins » sont complexes et demandent à être chaque fois saisis au regard des enjeux propres à tel ou tel groupe professionnel, dans tel ou tel contexte socio-historique. En matière de réflexion sur les processus de féminisation au travail, il faut éviter trois principaux écueils. Ne pas les penser exclusivement sous le signe de la « dévalorisation », à l’instar de Pierre Bourdieu dans La domination masculine. Le deuxième écueil consiste à attribuer aux femmes entrant dans des métiers, où elles étaient historiquement peu présentes, des pouvoirs quasi magiques de transformation des pratiques professionnelles, voire de la société tout entière. Enfin, le troisième écueil consiste à passer sous silence les enjeux de ces processus au regard d’une reconfiguration potentielle des fondements, matériels et idéels, de la division sexuelle du travail et donc du rapport social de sexe dans les sociétés européennes contemporaines.
La féminisation n’intervient jamais dans un contexte stable et s’articule toujours à d’autres phénomènes de changement, notamment sur le plan de la démographie professionnelle, à travers des crises de recrutement ou des luttes autour de la délimitation des frontières entre groupes professionnels. Les « effets propres » de l’arrivée des femmes sont difficiles à démêler de ceux des autres transformations structurelles en cours. Il est donc nécessaire de partir des éléments qui ont fondé ces métiers comme « masculins