La faillite d'un contre-pouvoir
1356 mots
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*« Médias : la faillite d’un contre*-*pouvoir* » *Le livre de Philippe Merlant et Luc Chatel qui vient de sortir aux éditions Fayard est sans complaisance. Il décrit par le menu l’abandon par la presse* d’une grande partie de ce qui faisait sa grandeur : sa vocation de *contre*-*pouvoir*. Recoupant plusieurs enquêtes, les auteurs soulignent d’entrée de jeu que le baromètre de la confiance des lecteurs est loin d’être au beau fixe. Les Français se méfient des journalistes qu’ils accusent d’être dépendants des pouvoirs financiers ou politiques. Le livre décrit un monde endogame où les directions de la rédaction sont fascinées par le pouvoir. Il souligne les connivences entre hommes politiques et journalistes qui se transforment souvent en relations conjugales ou extra-conjugales. Sans compter les renvois d’ascenseurs et complaisances entre collègues qui se sont mutuellement rendus services. Et une très faible capacité à l’autocritique : « En France, jamais aucun directeur de rédaction ni aucun journaliste n’a démissionné de son poste après avoir commis (et reconnu) une faute grave". Ce climat de faiblesse éthique, le manque de vigilance et d’exigence fait que la presse ne représente plus un vrai contrepouvoir. Le pouvoir politique est ainsi tenté de reprendre en main ce territoire, comme le montre nombre d’exemples d’atteinte à l’indépendance de la presse. Concentration croissante, pressions diverses, convocations judiciaires, placements en garde à vue, perquisitions, l’année 2007 a été particulièrement vive en remous. Tout cela est démontré. Mais c’est dans les coulisses du métier, dans son fonctionnement propre, que la critique est le plus éloquente. Parmi les constats faits pas les auteurs, un des plus prégnants est celui de la rivalité mimétique entre organes de presse. Ce mimétisme aboutit à une information synchrone et uniforme de certains évènements. La concurrence créé le mimétisme, notent Merlant et Chatel. Plus on est en compétition, plus on se