La façon de penser par rapport à la société
La première concerne le regain de légitimité des politiques publiques ; non pas que ces dernières aient disparu au profit d’un « tout marché » dans les années 1990, ni même que leur importance ait significativement diminué (au contraire des années 1980). Leur forme et leur objet ont varié ; mais elles sont fonctionnellement nécessaires et politiquement centrales. Ce qui est nouveau est qu’il paraît légitime non seulement aux yeux des « anti-libéraux », mais aussi à ceux des libéraux, que le débat majeur concerne les politiques publiques. Cela est vrai en matière sociale (thème principal de cet axe de recherche), mais aussi dans d’autres domaines (politique industrielle, politique des ressources naturelles, politique fiscale, décentralisation, etc.). Cela a pour conséquence importante une inversion de l’ordre d’examen des fins et des moyens : ce sont les priorités en matière de nature et d’ampleur de l’intervention publique qui dominent et déterminent le débat sur les ressources publiques, et non l’inverse comme précédemment.
La deuxième est la perte de prééminence du thème de la pauvreté. Non pas que la pauvreté diminue significativement (chacun sait que les « objectifs du millénaire » en la matière ne seront pas atteints). Mais la focalisation sur la thématique de la pauvreté a montré ses apories : en premier lieu, « les pauvres » sont un artefact construit par les politiques dont ils sont la cible, dans une circularité logique qui bloque la recherche plus qu’elle ne la sert. En second lieu, les questions de définition, de mesure, de repérage et de « ciblage » de la pauvreté sont sans réponse théorique (les solutions ne peuvent être que pratiques, c’est-à-dire être le produit de rapports de forces politiques). En