la femme de gilles
Mais le malheur s'abat toujours sur ses victimes sans crier gare. Un jour, pour un sourire en coin, pour une petite langue rose passée sur des lèvres, Gilles se met à en désirer une autre. Elisa le comprend très vite, essaie de croire que ce n'est qu'une passade, redouble d'attentions et de gentillesse. Mais, les mois passant, force est de constater - ô combien douloureusement - que le désir s'est transformé en passion. Il lui faudra encore découvrir qu'elle ne peut pas haïr l'autre, puisque c'est sa propre sœur ; il lui faudra accepter de s'arrondir puis, après son accouchement, de rester alitée quelques semaines pendant que l'autre tient sa maison, insolente de charme et d'entrain ; il lui faudra supporter de voir Gilles souffrir, endurer ses mensonges et bientôt ses confidences, car elle n'est plus que la meilleure amie de Gilles. Il lui faudra apprendre à vivre sans l'amour de Gilles - si tant est que cela soit possible.
Bouleversant par sa simplicité lumineuse et sa sensualité retenue, ce roman plonge au cœur du sentiment amoureux. La déchirure intime du désamour est vécue par une femme simple, en retrait de laquelle se tient l'auteur, qui lui prête sa voix. L'écriture s'en trouve épurée, lavée des fioritures que le sujet aurait pu appeler, saisissante de limpidité et d'honnêteté. Le personnage d'Elisa, plein de candeur douloureuse, de constance fervente et de détresse, est de ceux qui ne s'oublient pas.