La fiche de poste
Edouard Machery Department of History and Philosophy of Science University of Pittsburgh
Les concepts sont les représentations mentales qui figurent dans les processus cognitifs supérieurs (catégorisation, raisonnement inductif et déductif, création d’analogies, compréhension linguistique…).1 La plupart des chercheurs en sciences cognitives supposent qu’ils forment une classe homogène de représentations mentales. Bien sûr, ils admettent qu’il existe de nombreuses différences entre les concepts ainsi qu’entre types de concepts : il existe des différences entre deux concepts comme CHIEN et CHAT ainsi qu’entre les concepts biologiques naïfs et les concepts des artéfacts. Mais ils supposent que par-delà ces différences, les représentations mentales qui figurent dans les processus cognitifs supérieurs ont en commun de nombreuses propriétés. Le but d’une théorie psychologique des concepts est de décrire ces propriétés. Le psychologue Gregory Murphy résume cette idée au début de son livre sur la psychologie des concepts (2002, 2-3) : « The psychology of concepts cannot by itself provide a full explanation of the concepts of all the different domains that psychologists are interested in. This book will not explore the psychology of concepts of persons, musical forms, numbers, physical motions, and political systems. The details of each of these must be discovered by the specific disciplines that study them; (…) Nonetheless, the general processes of concept
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Dans ce qui suit, j’utilise strictement « concept » en ce sens. Les noms des concepts sont écrits en majuscules.
Public@tions Electroniques de Philosophi@ Scienti@e - Volume 2 (2005) Actes du Colloque de la SOPHA - Montréal 2003
learning and representation may well be found in each of these domains. » 2 Comme la plupart des psychologues, Murphy soutient ici que les concepts forment une espèce naturelle. Car, comme nous allons le voir, une espèce naturelle est